terça-feira, 15 de novembro de 2011

Le Baume

balsamo_desenho_paulo emmanoel

Desenho do cartunista Paulo Emman

La nuit tombait, ils arrivaient. Tous les jours ils venaient nous appliquer le baune pour soulager nos douleurs et nous réconfortaient avec des mots de tendresse et d’espoir. Ah, comme ils étaient gentils ces monsieurs-là. Les avaient une drôle de peau, un peau... or-violacée. Les dents blanches des sourires constrataient avec les tuniques bleu-turquoise faites en pure soie. Je me souviens que nous riions de la façon maladroite dont ils marchaient, puisqu’ils étaient chauves et ils mésuraient presque trois fois plus que plus haut habitant de notre village. Au début nous étions timides, mais, par la suite, nous nous sommes habitués à leur présences parce qu’ils nous donnaient de la protection, de la sécurité et de l’envie de vivre. Le soir, toujours le soir, ils entraient chez nous sans plus avoir beson de demander notre accord. Ils faisaient déjà partie de la famille, de la communauté. Ils ne partaient qu’au petit matin. La drougue qu’ils nous appliquaient quand nous nous couchions avant de dormir adouciçait le corps et l’âme. C’était une huile si douce et perfumée que nos rêves incohérents sont devenus linéaires et colorés. Nous nous réveilliions prêts au travail. Nous marchions des lieues dans la forêt à cueillir des noix et extraire l’huile de l’andiroba. Les dangers environants ne nous appeuraient plus. Nous sommes devenus des braves. À la fin de chaque journée nous leur donnions une partie de notre productions comme preuve de notre grande amitié. Ils riaient, contents.

Grâce à Benelil, le conseiller le plus ancien du village, les "Tuniques en Soie" se sont rapprochés de nous. Le vieillard nous a dit qu’ils allaient guérir nos maladies et soulagers nos fatigues si nous acceptions l’applicationdu baume sur nos corps, spécialement autour des yeux (depuis un certain temps plusieurs dentre nous ne distinguaient plus iles objects à une certaine distance, à cause de toutes nos maladie oculaires). Nous avons accepté sans hésitaion les mots du savant ainsi que leur présence parmi nous.

Benelil est devenu de plus en plus jeune. Sa peau ratatinée se dressait au fur et à mesure que le temps passait. Il est donc devenu très agile et montait si vite sur les arbres que nous étions impressionnés et, en plus il est devenu un excellent chasseur de jaguatirica. Très souvent il nous apportait des cuirs de mapinguaris et des belles plumes de matintapereras, chez nous utilisés comme des décorations.

Une de ces nuits-là, quand Benelil était déjà enfant et tous rajeunissaient rapidement, les hommes sont arrivés comme d'habitude, avec leurs sourires blanches comme s'il était un jour de fête. Ils ont sauté sur le hamac du bébé en sifflant une drôle de chanson, ils lui ont donné des jouets et titillé son ventre. Le petit Benelil a sourri, tout en montrant ses deux petites dents sur la gencive rougie. Si mignon, si gros qu'il était.

Jusqu'à ce moment-là nous étions vraiement heureux avec tout ce qui se passait, par la sim pie raison que, depuis une quarantaine d'années, il n'y avait plus d'enfant dans notre village. Nous étions une population de vieillards condamnés à l'oubli et à la disparition. Nous vivions isolés des autres villages puisque nous étions tous des albinos. On disait que nous avions un pacte avec le maudit, à cause du seul oeil que nous avons. tous, sans exception, au milieu du front. Depuis des décennies on nous a banit de plusieurs endroits. Nous avons ainsi fondé une communauté d'exclus qui se sont heureusement rencontrés en pleine forêt et nous avons commencé à produire et à échanger nos produits avec les revendeurs qui de temps en temps prenait la crique jusqu'à notre village. Au début on se couvrait pour ne pas appeurer Ia tripulation étrangêre. Par Ia suite ils se sont habitués.

Les vieux que nous étions sont devenus des jeunes pleins de vigueur. Mais notre production diminuait à mesure que nous rajeunissions. Ma femme Carela et moi, par exemple, nous restions toute la journée dans le hamac à faire l'amour plus de quinze fois par jour. Les autres sont devenus enfants et ne pouvaient plus avec le travail. Un beau jour, je cherchais de quoi manger et je me suis rendu compte de la grande difficulté de la communauté; personne ne savais plus pêcher, ni chasser, ni faire du commenrce. Ce jour-là j'ai refusé le baume. Les hommes ontété surpris et se sont fâchés avec moi. Ils sont partis. Quand ils sont revenus la nuit suivante, Cariela, cinq autres adotescents et moi, tous préoccupés avec la situation, avons exigé qu'ils nous rendent nos rides. Ce qu'ils n'ont pas accepté.

Dês ce jour-là ils nous regardaient sévêrement, les yeux étincellants. Plus nous demandions nos rides plus leur peau, d'antant si belle, s'écaillait. Je me suis aussi rendu compte qu'il diminuaient progressivement de taille quand l'ambiance était éclairée par le feu de nos veilleuses. Ils devenait blêmes et laids davantage et leur peau muait comme celle des serpents. Le soir ou le petit Benelil est mort rendu un phoetus à grosse tête et transparent, le hommes, totalement écaillés et dêjà beaucoup moins grands, nous ont proposé de nous rendre nos rides en échange de 75% de notre production d'huile d'andiroba et le même pourcentage des noix de toute nos cueilliettes. Nous avons tout de suite accepté, désireux de revenir le plus vite possible à la normalité.

Nous avons travaillé pendant des années, selon nos capacités. Nous étions exploités, il est vrai, mais à mesure que nous buvions le thé d'herbes qu'ils nous ont appris à préparer, les rides revenaient à nos corps et autour de nos yeux. Nos cheveux blondis blanchissaient. Nous arrivions même à rire puisque le bonheur dont nous rêvions était celui de vieillir jusqu'à mourir. Benelil a été le seul à atteindre un âge três avancé et revenir dans le temps jusqu'á mourir phoetus, presque comme il était néé.

Pendant que nous cueuillions les noix et préparions I'huile ils travaillaient. IIs ont ouvert une clairiêre dans Ia forêt, ils ont fait un immense vase en terre cuite avec d'étranges inscriptions en bas-relief, ils ont construit des échelles et gardé leu r partie de Ia production dans de gros barris faits avec des troncs de châtaignier. Ces hommes-Ià gardaient toujours Ia peau laide et écaillée ainsi que les yeux étincellants dans le noir. 11est vrai qu'ils ont maigri avec les constants changements de peau, mais ils sont revenus à leur taille naturelle. Des fois on pouvait les voir quand le soleil se levait plus tôt ,en été.

La perte de la verve qui nous avait tant fascinnée à leur arrivée empéchait tout essai de dialogue entre nous. I1n'y avait pas de haine de notre part, ni d'ambiance pour reprendre notre vieille amitié. Chacun restait dans son coin. Nous avec le jour et eux avec la nuit. Nous les voyions de loin, dês que le jour tombait. Dans le penombre. Leurs grandes silhouettes, légêrement courbées, suggéraient, par leurs mouvements une certaine fatigue. Nous sentions, pourtant, qu'ils préparaient leur départ. D'ailleurs cela s'est passé cette nuit même.

Nous avons eu du mal à entendre leurs faibles voix venant de la clarière. IIs avaient déjà renversé les barris d'huile et le lait des noix dans le vase. Ils montaient les échelles un par un et plongeaient dans le liquide huileux. Le dernier, naguère le plus sourriant, nous a regardé, les yeux soupliants et nous a demandé, à Carela et moi, d'allumer le grand feu de clarière qu'ils avaient préparé sous le récipient et de le garder pendant trois jours et trois nuits. Avant qu'il ne plonge dans le vase j'ai vu ses yeux s'éteindre. Le parfum du baume a envahi la forêt jusqu'à la totale extinction du feu.

Auteur: Fernando Canto

Sociologue, folkloriste, musicien et écrivain, a publié plusieurs livres de contes, des recueils de poèmes et des études sur le folklore amazonien. I1est un des leaders, depuis plus de vingt ans, du Groupe de musique Pilão et un des piliers de la culture de l'Amapa.


Le Baume, la moderne légende amazonienne

Dès premier moment qe j’ai lu le conte LE BAUME de Fernando Canto, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un texte – ou moins – d’une révolutionnaire valeur esthétique. Plus tard le conte est passé par des coupures et des ajouts oppurtuns et nécessaires, ce qui a contribué à faire du BAUME un conte encore plus dense et parfait,ce qui lui a valu le premier pxix du I Concours de Contes des Universités du Nord – organisé par L´Université du Para.

Le genial conte de Fernando Canto dit plus dans ses entrelignes que dans ses lignes. Il invente des formes symboliques de représentation du réel et dans la tessiture d’une histoire avec sa compléxité, avec son optique propre l’auter crée un jeu à assemblage, un puzzle, où prévaut l’élément fantastique amazonien ; notre raison onirique, ce magique réaliste typique de nos plaines qui conserve très peu de la proposition de Gabriel Garcia Marques.

En lisant LE BAUME le lecteur ne trouve pas de préssuposés ni de la cohérence. Quand elle y est, ce n’est qu’un faible lien qui nous remet toujours à des origines déconnéctées, pourtant extrèment légendaires. Fernando Canto fragmente le temps et l’assujetit au texte ; il manipule les vies de ces bizares gens fantastique héréditarité où l’environnement el l’odre spartial. L’écoulement du temps dans le texte est condénse et rien n’appairaît comme une appendice, un ornement ; pour Fernando Canto les mots sont des signes avec des représentaions précises comme les engrenages d’une hologes.

Le conte LE BAUME nous renvoit à des éléments constitutifs d’une Amazonie fauve et de caractère magique, et je ne crains pas à la classer comme la dernière légende amazonienne. Remarquons l’extrait suivant : "La nuit tombait, ils arrivaient. Tous les jours ils venaint nous appliquer le baume pour soulager nos douleurs et nous réconfortaient avec mots de tendresse et d’espoir (...) au début nous étions timides, mais, par la suite, nous nous sommes habitués à leur présence parcequ’ils nous dounnaient de la protection, de la sécurité et de l’envie de vivre. Le soir, tourjours le soir, ils entraient chez nous sans plus avoir besoin de demander notre accord".

Ici je découvre le regard lanomami à dévoiler le monde, à découvrir les chimères et Fernando Canto recreé la narrativité de la légende et, en quelques pages, il ne présente pas la description marquée par la tradition populaire, mais il met en évidence l’aspect merveilleux de la déformation légendaire, où regne abolue la narrativité poétique et où prévaut l’imagination dans son vol le plus sublime.

LE BAUME est la moderne légende amazonienne à l’époque de l’homosapiens dans les sens qu’elle constitue une réaction aux paramètres littéraires habituels et elle assume une écriture révolutinnaire, non paroissial, principalement quand elle fragmente le temps, redimensionne les schémas spatiaux et temporels. Le méthode de la concision, de la permanente relation entre le réel et l’imaginaire. Le conte de Fernando Canto est ainsi le produit de l’intersection de ces deux plans, dans un processus métaphorique qui l’a mis en relief parmi les autres écrivains du concours et le consagre dans la littérature nationale.

Ronaldo Bandeira, est journaliste et écrivain


Traduction: Álvaro Faleiros Revue anuelle (français-portugais) d’Art et de Littèrature TRANSES, nº 1, 2000/2001. Publication de l’Association MITARAKA, Cayenne, Guyane Française.

« Dans son numéro d’ouverture, la revue TRANSES publie le conte « Le baume » de Fernando Canto, un des plus représentatifs et importats auteurs contemporains du nord du Brésil. Dans le conte, l’auteur, partant de la logique mytique des indiens de l’Amazonie, crée um univers où le magique organise naturellement le fontctionnement de la vie » ( La rédaction).

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